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Il était une fois… une fabuleuse escale patagonienne

4 juin 2021

Alors que l’aventure en Terre de Feu a pris fin il y a à peine quelques semaines, revenons ensemble sur cette épopée et ses moments forts, en suivant le voilier Maewan ainsi que son équipage : entre rencontres, partage, transmission, découvertes et sensations fortes.

Retour en terre chilienne

Après un arrêt du voyage autour du monde de près d’un an, l’équipe Maewan est enfin prête à reprendre le chemin des mers sur son fidèle voilier. Impatients de reprendre l’aventure, Marion et Erwan ont donc pris l’avion le 6 février 2021, direction Punta Arenas. À la suite d’un long voyage aérien, les voilà donc enfin en terre chilienne, en Patagonie. Malheureusement, les restrictions sanitaires les empêchent de prendre de suite la route vers Puerto Williams afin de rejoindre le bateau. Bloqués dix jours dans la ville patagonienne, les deux marins des Carroz en profitent  donc pour faire un ravitaillement pour les prochains mois. Fidèles à leurs idéaux et valeurs, c’est un ravitaillement 100% zéro déchet, bio et local qu’ils ont effectué à La Granja Magallánica. Des suites de ce plein de provisions, les fondateurs de Maewan ont enfin pu prendre le ferry direction l’île de Navarino et Puerto Williams. Au terme d’un voyage de 30 heures dans les canaux de  Patagonie, et notamment le canal Beagle, entre la Grande île de la Terre de Feu au Nord, les fjords et l’île de Navarino au Sud, le duo est enfin arrivé à Puerto Williams. Ici, le bateau les attendait impatiemment au port de pêche, mais il avait bien besoin de se refaire une beauté avant le grand départ ! Quelques jours plus tard, le reste de l’équipage les a rejoints dans cette ville, la plus australe du monde. Fabienne d’Ortoli, championne de kitesurf, Matthieu Klitting, réalisateur audiovisuel, et Julien Armijo, scientifique, étaient prêts à en découdre avec les flots et à mener à bien cette escale patagonienne, entre découvertes, recherches scientifiques et interventions pédagogiques.

Après une aide précieuse de la part d’Igor Bely pour la peinture, fils de grands navigateurs scientifiques et navigateur lui-même, Maewan était dans les starting-blocks pour goûter de nouveau à l’eau salée chilienne. Néanmoins, un contretemps dans l’opération de remise à l’eau  du voilier a retardé le départ d’un équipage pourtant déterminé !

Des interventions auprès des jeunes en attendant la mise à l’eau du bateau

En attendant donc que le bateau flotte et, dès l’arrivée à Puerto Williams, Marion n’a pas perdu une seconde pour enclencher le travail avec le Cedena Puerto Williams Cabo de Hornos, le club de voile de la ville, ouvert à tous les enfants et gratuitement. Se sont ainsi déroulées des interventions avec les jeunes, sur une période de dix jours. Marion a mis en place le programme éducatif Maewan sur la réinsertion des jeunes en décrochage et, pour les plus jeunes, le programme de sensibilisation à l’éco-citoyenneté au travers les 8 thématiques de développement durable présentés dans nos supports pédagogiques. Pour les plus âgés, le programme s’articule autour d’un suivi plus personnalisé, en abordant le sujet de la communauté, la culture, leurs  points forts, et dans l’objectif de construire un projet de vie de manière ludique  et  écoresponsable. Erwan intervenait ponctuellement avec Marion, oscillant avec les réparations du voilier.

Pendant ces interventions, les pièces d’un puzzle créé par les élèves hauts-savoyards sur leur environnement durant la micro-aventure Alps For Good ont été présentées à leurs homonymes patagoniens, qui ont également dû créer un support. Cet échange inter-culturel s’est bouclé avec une visioconférence entre les classes, riche en émotions et en partage.

Par la suite, rejoints par le reste de l’équipage, les interventions ont pu continuer et s’accentuer  sur le sport. Se sont ainsi déroulées des initiations au paddle avec Fabienne, dans l’optique de travailler la posture du corps et le mental. Plus impressionnant encore, notre championne du monde de kitesurf a eu l’occasion de faire une démonstration de son sport favori aux adolescents et adultes émerveillés. En plus, abrité de la houle mais pas du vent, le spot de Puerto Williams s’est avéré particulièrement propice à la pratique de ce sport extrême, et donc au plaisir associé. Ainsi, plus habitué aux escapades montagneuses de tout temps, notre capitaine Erwan a pu s’initier au kitesurf avec la championne, une expérience rafraichissante et salée pour lui.

À la découverte de l’environnement local

Toujours dans l’attente du retour de Maewan sur l’eau, notre équipage a également pu profiter de ce temps de latence pour découvrir l’environnement local et l’île de Navarino. Une promenade à pied nous a emmené au Cerro Bandera, un sommet montagneux de l’île. De là-haut, nous avons pu observer les fameuses dents de Navarino, pics montagneux caractéristiques. Ici, l’environnement est sauvage, à mi-chemin entre la savane et la toundra alpine. De larges forêts s’arrêtent nettes pour laisser place à l’immensité de la plaine, à peine contrariée par quelques plantes coupant la linéarité de l’étendue. Des chevaux sauvages font parfois leur apparition, immisçant un bruit un peu plus vivant dans un lieu bercé par le vent. Le paysage semble perdu, éloigné des installations humaines, parfois même désertique. C’est ce sentiment d’isolement, de retour à l’état sauvage, qu’est aussi venu chercher notre équipage.

Nos aventuriers ont également rencontré des Yagans, le peuple ancestral et autochtone de Patagonie. Malheureusement, écrasés par les occidentaux et leur vie « moderne », ce peuple a quasiment disparu. Il n’en reste ainsi que quelques rares représentants, défendant leur mode de vie ancestral et la nature avec laquelle ils vivent en osmose. Il devient donc rare de pouvoir échanger avec eux et comprendre leur quotidien, découvrir leurs savoirs, pourtant si  enrichissants. L’intérêt profond de l’équipe envers ce peuple, semblant relié à cette terre du bout du monde, leur a donné la chance de rencontrer la dernière représentante de ce peuple presque disparu. Cette vieille dame reconnue par l’UNESCO comme « trésor vivant » a hérité de la lourde tâche de faire perpétuer les traditions à ses descendants, pour ne pas enterrer ce trésor de connaissance avec elle.

Départ pour la nouvelle aventure

C’est donc après ces nombreux contretemps, comblés par des temps d’échanges et des découvertes, touts aussi riches, que Maewan a enfin pu mouiller sa coque refaite à neuf. L’eau était froide, surtout pour un voilier n’ayant pas touché le liquide salin depuis plus d’un an.  Pourtant, il n’y avait pas un instant à perdre, l’aventure maritime devait enfin commencer et tout le monde avait hâte de parcourir les flots. Ainsi, à peine le bateau mis à l’eau, notre valeureux équipage a pris la mer direction le Cap Horn. Le voyage a donc commencé par la traversée du canal Beagle jusqu’à son embouchure. Néanmoins, les éléments nous rappellent la place du voilier et nous empêchent de sortir du canal. Il faut donc attendre quelques heures jusqu’à ce que le vent tourne afin de pouvoir sortir de Beagle. Par chance, nous avons retrouvé à Puerto Toro notre ami Igor, qui attendait aussi de prendre la mer pour de bon.

Après cette attente, l’équipage Maewan a enfin pu tracer sa route direction le cap maudit, la plus grande peur des marins, le cauchemar de certains. Sept heures nous séparaient du grand, du sublime, du dangereux cap Horn. Après ces heures de navigation effectuées, nous sommes arrivés dans l’archipel du cap Horn, plus précisément dans la crique de la Caleta Martial. Cet archipel a surpris notre équipage, à l’instar d’Erwan, qui ne s’attendait pas à un tel relief. Ici, les oiseaux se comptent par milliers, un splendide ballet ornithologique fête l’arrivée de Maewan en  terres australes. Des dauphins complètent le spectacle, dans un cadre oscillant entre végétal, rocheux et aquatique. Armée de son fidèle kitesurf, Fabienne a fait une tentative de navigation,  qui a malheureusement échoué à cause d’un vent changeant et d’une houle croissante. Le reste de l’équipage a néanmoins pu s’adonner à la pratique sportive, entre paddle, baignade, ou encore plongée pour Julien, dans l’optique d’explorer les fonds marins, et ce dans une eau avoisinant les 8°c.

Le passage du fameux Cap Horn

La tempête passée, le voilier et son équipage reprennent la mer vers le sud, jusqu’au cap Horn.  Ce lieu habituellement terrifiant pour les marins, excitant pour les plus téméraires, avait l’air paisible, presque endormi aujourd’hui. La mer était étonnamment calme, presque plate, si bien que Fabienne a pu parcourir les dix miles nautiques, soit seize kilomètres, séparant la Caleta Martial du Cap le plus austral en paddle. La championne de kitesurf a même pu poser le pied sur l’île du cap Horn dans l’objectif de faire une session, ce qui fut malheureusement un échec avec un vent rafaleux. Le voilier, quant à lui, n’a pas pu suivre Fabienne pour débarquer à cause des courants marins. Après quelques tentatives infructueuses, Maewan a donc décidé de s’avouer vaincu pour cette fois, mais avec la joie d’avoir traversé le fabuleux cap Horn avec douceur et clame, quels navigateurs peuvent-ils en dire autant ?

Nous avons ainsi fait le tour de l’île puis traversé l’archipel, avec la boussole indiquant le Nord, pour revenir sur nos pas jusqu’au canal Beagle et Puerto Williams.

Le retour à Puerto Williams

Sur le retour vers la ville la plus australe du monde, l’équipe Maewan assiste à un spectacle aussi rare que majestueux : une vingtaine de baleines accompagnent le bateau dans le Beagle, ces monstres de plusieurs dizaines de mètres et tonnes sont impressionnants par leur calme, leur prestance et leur beauté, un accueil digne des plus grands empereurs romains. Arrivé enfin à Puerto Williams, le voilier s’amarre au Micalvi, un vieux bateau échoué près du port qui sert aujourd’hui de point d’accroche et de ponton pour les marins. L’équipe reste deux jours sur ce singulier port avant de remonter le canal vers Punta Arenas, l’arrivée finale de l’expédition patagonienne. Avant de quitter définitivement la ville, Marion lui adresse ces mots émouvants :

« Au-dessous des 50èmes rugissants :

Situé au 54ème degré sud, Puerto Williams est la ville la plus australe du monde. Reconnue comme terre du bout du monde, terre de fin du monde… Je dois dire que c’est plutôt une empreinte de début du monde qu’a laissé ce village en moi. Cette terre capable de faire naître mille et une lumières différentes au gré des heures de la journée.

Pendant que Matthieu lève l’ancre, je sais que ce n’est qu’un au revoir que j’adresse aux navigateurs des Mers du Sud abrités au Micalvi pour une ou plusieurs saisons. Ces marins qui, comme nous maintenant, ont affronté les conditions si particulières de navigation dans le grand sud. L’importance de l’anticipation, de l’analyse de la météo et de la préparation du routage. Il n’y a pas de juste milieu dans ces mers. En moins de 30 minutes, nous pouvons passer de 5 à 50 nœuds de vent et à ce moment-là, mieux ne vaut pas être dans un canal étroit, ou le voilier se retrouverait inévitablement fracassé contre le rivage. La Patagonie, c’est aussi et surtout la patience d’attendre le créneau propice pour mettre le nez dehors. C’est se réjouir dans ces moments d’attente d’un bain revigorant au milieu des icebergs tombés des glaciers plongeant dans les canaux ou du whisky glace de « Pia » pour l’apéro accompagné des délicieux crabes géants de la région et de l’exquise mayonnaise maison de Julien. C’est l’approche de cette chaîne mythique, la cordillère de Darwin et ses enchaînements de glaciers tous plus attirants les uns que les autres, par la virginité de leurs itinéraires.

Jasmin, Lalo, René, Igor, Bryan, Paola, Constanza, ce n’est qu’un au revoir, de belles rencontres, terreaux fertiles pour la naissance de nouveaux projets. La seconde expédition commence à se dessiner et la Patagonie Sud sera au rendez-vous. Rendez-vous pris au Micalvi, la marina du début du monde, dont le mouillage est constitué par un ancien navire marchand de 1925 échoué, au plus grand plaisir des voiliers pour l’arrimage, sûre qu’il constitue tout autant le plaisir des marins, pour le bar qu’il accueille.»

 Après ces derniers au-revoir, Maewan reprend la route. Rapidement, la lutte s’engage face à un vent diaboliquement fort, la remontée du Beagle s’annonce bien plus compliquée que prévue.  Mais le fidèle capitaine du bateau, Erwan, use de ses compétences et de son expérience pour mener à bien cette navigation. Les créneaux de vent sont exigeants et Maewan IV est contraint à des arrêts fréquents dans des criques pour s’abriter du vent. La cadre est magnifique : le canal est entouré d’un relief montagneux, tantôt glacier, tantôt désertique, qui donne aux marins l’impression d’être insignifiants devant la force et la grandeur d’une nature sauvage. Au détour d’une de ces criques, nous apercevons justement des pêcheurs s’attelant à  la  recherche  d’oursins mais aussi de king crabes, ou crabe royal, un crustacé vivant dans les eaux froides ressemblant à une araignée de mer, mais dont la taille impressionnante peut avoisiner les deux mètres cinquante d’envergure.

À la suite de cette petite pause, nous levons donc l’ancre, profitant d’une fenêtre de vent favorable. Encore une fois, la Patagonie surprendra nos aventuriers pourtant expérimentés par sa beauté et sa biodiversité. Au loin, sur un amas rocheux, des dizaines de lions de mer, ces mammifères marins, à mi-chemin entre l’otarie et le morse, se reposent et sèchent  sur  les rochers, certains se distinguent par leur taille hors du commun, d’autres par leur singularité physique, puisqu’une otarie s’est succinctement mêlée au groupe de lions de mer.

Après cette nouvelle découverte, Maewan continue son chemin vers le Nord, jusqu’à devoir s’arrêter de nouveau au pied d’un glacier, afin d’éviter de se faire malmener par les prochains vents arrivant. À peu près abrités de ces mouvements d’air, nous jetons l’ancre et profitons du cadre idyllique en attendant de reprendre le chemin de Punta Arenas.

Une escale utopique près du glacier Pia

Après cette nouvelle escale, le voilier se met en marche, pourtant, encore une fois, la navigation est compliquée par un vent bien peu coopératif et cette fois-ci une houle peu amicale. Ces conditions météorologiques hostiles rendent difficile l’avancée de Maewan vers le fjord Pia. Néanmoins, grâce à la connaissance d’un mouillage par Erwan, nous avons pu nous abriter près du glacier Pia, à côté de la cordillère de Darwin, partie finale de la cordillère des Andes. Ce mouillage de quatre jours nous a permis de profiter pleinement d’un cadre magnifique et extrêmement peu commun puisqu’ici se côtoient glacier, mer et forêt. Fabienne a ainsi eu l’occasion, enfin, de lever sa voile et d’enfiler sa planche afin de kitesurfer devant le grand glacier, du jamais vu dans ce sport, une performance inédite. De notre côté, nous, le reste de l’équipage, avons pu mettre à l’eau les paddles et naviguer paisiblement sur une mer bien calme et dans un environnement d’une beauté inouïe, alternant entre les couleurs blanches et bleues du glacier et de la mer, grises et noires de la montagne, et vertes de la végétation. Marion a même eu le courage de se baigner dans une eau tout de même fraîche, mais le jeu en valait la chandelle dans ce cadre aussi singulier.

À la suite de ces quatre jours de repos, Maewan a levé l’ancre pour avancer dans le canal Beagle, jusqu’à en voir le bout cette fois-ci. Après quelques heures de navigation, la flottille à tout de  même dû jeter l’ancre à nouveau, pour cause, les conditions météo capricieuses. Néanmoins, ce mouillage est un peu particulier puisqu’il se trouve à Tim Bales, un check-point militaire. Interdits de débarquer sur l’île, nous avons dû nous contenter d’échanges radio ou au mégaphone avec  les militaires. Pendant les quatre jours d’escale, nous en avons profité pour nous balader de  l’autre côté de la rive, avant de reprendre la route vers le Nord.

En effet, un créneau météo se profile, saisi par le capitaine. Ce dernier, court, nous aura tout de même permis de naviguer quelques heures avant de jeter de nouveau l’ancre, de nuit, dans une baie. L’arrivée a été compliquée car l’obscurité rendait la manœuvre ardue entre les rochers, et a donc dû s’effectuer à la lampe torche, en plus de la cartographie et du radar du voilier.  Au lever du soleil, la vue est splendide, les environs magnifiques, oscillant toujours entre ce  relief  imposant, cette végétation sauvage et aride, accompagnés de la lumière claire caractéristique de l’aube. Nous saisissons donc l’occasion pour découvrir l’environnement alentour.  Erwan,  Fabienne et Julien décident de prendre leur courage à deux mains, d’enfiler les palmes et de  nager dans une eau à 8°c. Pourtant, cette eau n’aura pas pardonné les deux premiers de cet  excès de confiance puisqu’à peine remontés sur le bateau, ils se sont vu être victimes de gelures aux mains et aux pieds. À la suite de cette baignade, Julien et Erwan sont allés pécher des king crabes et quelques coquillages pour le repas. Pourtant, ces derniers étaient susceptibles d’être mortels à cause de la marée rouge.

Les fermes de saumons comme sujet d’étude

C’est justement cette marée rouge qu’est venu étudier Julien, le scientifique de l’expédition. En effet, cette dernière est causée par un phytoplancton tueur de vie sous-marine qui a  la particularité de colorer l’eau en rouge lorsqu’il est présent, d’où le nom de marée rouge. L’objectif de Maewan durant l’escale patagonienne, avec Julien en tête de file, est également d’enquêter  sur le lien entre ce phytoplancton et l’installation florissante de l’aquaculture, notamment dans le canal Beagle, avec de grandes fermes de saumons faisant de la production intensive. Ainsi, pour travailler sur ce possible lien mais également sur ce sujet aussi politique qu’épineux, car faisant vivre une large population, Julien a commencé dès son arrivée à Puerto Williams, à faire des prélèvements. Ceux-ci sont analysés mais aussi montrés en interventions pédagogiques pour discuter de ce problème environnemental avec les locaux. Ces premiers relevés se sont couplés à des interviews menées par l’ensemble de l’équipage avec des habitants de la localité, afin de connaître leur avis sur les fermes de saumons. Cette série d’interviews révélant des opinions contradictoires a permis à Maewan de décortiquer le problème.

À la suite de ces prémices et après la récolte de ces coquillages et king crabes, nous avons pu passer à l’action en navigant pour la première fois devant ces fermes de pisciculture intensive. L’approche de la première d’entre-elles s’est avérée être un échec puisque les travailleurs ont demandé au bateau de s’éloigner de cette propriété privée. Par la suite, Julien a eu l’occasion de faire des prélèvements dans des concessions pas encore installées mais aussi dans des concessions en démontage définitif. Ces prélèvements permettront par la suite de comparer les données et d’établir ou non une corrélation entre pisciculture intensive et marée rouge. Des prélèvements supplémentaires ont pu être effectués sur d’autres fermes, dans l’objectif de rassembler des données suffisantes à une analyse scientifique capable de fournir des résultats et conclusions solides.

Ces fermes, à première vue, sont des catastrophes environnementales puisque les déjections et la nourriture donnée aux poissons forment de la pollution, équivalente à celle d’une ville de 20.000 habitants pour une seule de ces fermes. Cette pollution marine détruit les fonds marins et l’oxydation de ces éléments accapare l’oxygène présent dans l’eau. En ce sens, la respiration des êtres vivants est très compliquée, d’autant plus que les saumons sont présents dans ces bassins en quantité impressionnante, rendant leur nage, arrivés à l’âge adulte, très difficile. Ainsi, les fermes installent des projecteurs dans les bassins afin de rendre actifs les poissons qui s’y trouvent. Cette pratique leur est nécessaire d’une part dans l’objectif de les tenir éveillés plus longtemps pour qu’ils mangent et grossissent plus vite. D’autre part, dans l’objectif de les faire bouger pour qu’ils oxygènent l’eau constamment par leurs mouvements, sans quoi ils mourraient.

Cette étude, menée par Maewan et Julien, a fait l’objet d’un tournage de documentaire sur l’aquaculture et ses conséquences sur l’environnement qui sortira dans les prochains mois.

À la suite de ces échantillonnages et photos, le voilier Maewan a gentiment été accueilli par des travailleurs d’une ferme afin de s’abriter et s’accoster à leur maison flottante en prévision de la prochaine tempête. Nous avons dû rester abrités pendant près de deux jours à cause de vents violents avoisinant les 70 nœuds, soit près de 130 kilomètres par heure.

Après cette déferlante venteuse, le bateau et nous, marins, avons enfin pu reprendre notre navigation et effectuer les derniers miles nautiques nous séparant de la ville de Punta Arenas, synonyme de fin du voyage patagonien.

L’arrivée à Punta Arena

Enfin arrivé à Punta Arenas, nous nous sommes vu bloqués au port dans le voilier en attendant  les autorisations pour débarquer, notamment liées aux précautions sanitaires. Une fois celles-ci accordées, notre équipage victorieux a pu déambuler dans le port de pêche. Alors que certains sont rentrés par avion en France, d’autres, à l’instar d’Erwan, sont restés avec le voilier afin de le conduire jusqu’au Brésil, lieu de la prochaine étape de ce tour du monde démarré il y a déjà 7 ans.

Quant à lui, Julien Armijo, notre scientifique passionné, est resté à Punta Arenas afin de  poursuivre son étude sur l’aquaculture et ses conséquences environnementales, dans l’optique d’en tirer des conclusions et résultats précis, complets et solides.

Néanmoins, l’expédition n’est pas encore finie, bien au contraire, puisque Marion et Erwan s’apprêtent déjà à reprendre le chemin du Brésil début juin. La prochaine escale est sur le point  de recommencer et aura également son lot de découvertes, surprises, aventures, en bref, d’émotions. Comptez donc sur nous pour vous tenir informés en temps réel sur nos réseaux sociaux de l’avancée de l’expédition, en vous assurant que celle-ci, comme  l’escale en Patagonie, fera également l’objet d’un récit, à lire sans parcimonie.

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