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Le cap Horn : un cap de légende

2 avril 2021

Il existe peu de lieux au monde qui, encore aujourd’hui, rendent l’Homme vulnérable et le submerge d’une aura mystique et spirituelle. Le Cap Horn en est l’un d’entre eux ! 

Maewan vous raconte son histoire. 

Le cap Horn nourrit bien des légendes. Situé à l’extrémité sud du Chili, il est le point le plus austral de l’Amérique du Sud. Ses dangers et la difficulté technique de son franchissement, ont permis de forger la légende de cette région.

Ce lieu hante l’imaginaire des navigateurs depuis des siècles. Il était donc impensable de ne pas franchir ce cap mythique lors de notre tour du monde. Nous allons ce mois-ci décortiquer ce qui fait du Cap Horn, un lieu redouté, mais aussi désiré par tous les navigateurs. 

À la découverte du cap Horn

Tout commence il y a quatre siècles, lorsqu’un navire hollandais a décidé de franchir le Cap le plus austral du monde. En Terre de Feu, il suffit d’un nuage pour que la beauté primitive de la terre laisse la place à un paysage mélancolique. L’origine du cap Horn est néerlandaise (« Kaap Hoorn »), le cap ayant été baptisé ainsi en l’honneur de la ville de Hoorn, aux Pays-Bas, par le marchand hollandais Jacob Le Maire. Accompagnés du navigateur Willem Schouten, ils traversèrent le cap le 29 janvier 1616, ouvrant ainsi une nouvelle route entre l’Atlantique et le Pacifique. 

Cette navigation à l’aveugle les aurait conduits jusqu’à l’île de Java où ils furent capturés   et arrêtés par des agents de la Compagnie néerlandaise. Les deux marins sont reconduits enchaînés aux Pays-Bas pour une infraction à la loi concernant la traversée du détroit de Magellan puisqu’il semblait alors impensable qu’ils aient pu emprunter une autre route ! 

Après eux, de nombreux explorateurs et marins ont, eux aussi, essayé de franchir le Cap, comme le capitaine William Bligh qui échoua à franchir le cap Horn avec son navire The Bounty en 1787 (rendu célèbre par le film de 1962 « les révoltés du Bounty » avec Marlon Brando). Les conquistadors espagnols redoutaient tellement, quant à eux, le cap Horn qu’ils préféraient que l’or extrait sur les côtes des Andes transite d’abord par voie terrestre pour embarquer du côté Atlantique, et éviter de devoir franchir le passage avec leurs navires gorgés de richesses. 

Quelques années plus tard, en 1830, Richard Henry Dana Jr., livra son récit sur son expérience de navigation autour du cap Horn : « En nous précipitant sur le pont, nous avons trouvé un grand nuage noir qui se dirigeait vers nous et noircissait tous les cieux. Voici le cap Horn ! Dit le second, et nous avons à peine eu le temps de descendre et de carguer les voiles qu’il se trouvait face à nous. En quelques instants, la mer se fit plus intense et se souleva comme jamais je ne l’avais vu auparavant…Au même instant, la giboulée et la grêle frappèrent avec fureur contre nous. ».

À cause des conditions météorologiques particulièrement difficiles, on estime que plus de 800 navires auraient succombé sur les eaux du cap Horn entre le XVIe et le XXe siècle et avec eux probablement des milliers de marins. 

Face à ces difficultés de condition de navigation, le travail d’exploration et de découverte de cette région a été largement ralenti. Par conséquent, la cartographie de cette région de Patagonie a pris plusieurs siècles.

Aujourd’hui, grâce à la technologie, le cap Horn a dévoilé tous ses contours. On peut même amarrer sur l’île d’Horn où vit depuis quelques années un officier de la marine chilienne avec sa famille. Cependant, même si le cap Horn a révélé tous ses secrets, il n’en reste pas moins un défi pour tous les navigateurs qui souhaitent s’aventurer sur ces eaux.

Aujourd’hui encore, les légendes du cap Horn demeurent dans l’imaginaire collectif et traversent les siècles.

Des légendes qui traversent les siècles

L’immensité des océans et ses dangers ont forgé des légendes et des histoires en tout genre, bien aidées par les récits des marins et leur superstition proverbiale ! Chargé de récits et d’émotions, naviguer sur les eaux du cap Horn revient à naviguer sur un cimetière marin. 

Parmi les histoires qui entourent le cap Horn, la légende du Hollandais volant est sûrement celle qui a fait le plus parler d’elle. Pris par un vent de tempête sans fin, le bateau errerait sur les mers, incapable de trouver le repos. Le rencontrer ou l’apercevoir  au détour d’une mer brumeuse serait un funeste présage et annoncerait une terrible tempête. 

Ces légendes formées au fil des siècles prouvent que le cap Horn fait toujours autant parler de lui. Aujourd’hui encore, il reste un véritable mystère pour les navigateurs qui s’y aventurent, le temps étant très changeant, le danger demeure omniprésent, même pour les navires modernes.

Un terrain de jeu unique pour les navigateurs

Le cap Horn est l’un des lieux les plus difficiles d’accès, redouté et adulé par tous les marins. C’est un passage obligatoire lors d’un tour du monde puisqu’il marque la limite nord du passage de Drake, nom du détroit qui sépare l’Amérique du Sud de l’Antarctique.

Pour Le Figaro Nautisme : « Les conditions deviennent rapidement dantesques dans une zone où les dépressions ont de moins en moins d’espace pour s’étendre. Leurs vitesses de progression et leurs intensités augmentent. La mer devient alors courte et très dangereuse à l’approche du cap, pouvant générer des vagues scélérates (vagues de plus de 30 m de haut) dont le franchissement est parfois d’une difficulté extrême ».

Dompter les mers australes et passer ce cap est pour certains une sorte de « Graal » puisqu’il est comparé dans le monde de la voile à l’ascension de l’Everest chez les alpinistes. 

D’ailleurs, tous les quatre ans, des navigateurs s’affrontent à travers la fameuse course du Vendée Globe. « Cette course à la voile autour du monde, en solitaire, sans escale et sans assistance, oppose des voiliers monocoques. Le Vendée Globe est considéré comme la plus difficile des épreuves pour les marins. ». Ces coureurs des mers font le tour de la Terre avec un itinéraire en moyenne long de 40 075 kilomètres soit 21 638 milles nautiques, un véritable exploit ! Sur le parcours, les vents vont de 30 à 100km/h, les marins rebaptisant alors les latitudes en « quarantièmes rugissants », « cinquantièmes hurlants », « soixantièmes stridents ». Des noms peu flatteurs, qui en disent long sur les conditions de navigation dans ce coin du monde. 

Et dans cette course de l’extrême, le point culminant, le plus dangereux et le plus épique demeure le passage du cap Horn.

De passage en Terre de Feu pour notre tour du monde, l’équipage Maewan a donc voulu vivre cette expérience unique, et tenter, lui aussi, de passer le cap Horn. 

Récit d’aventures : Le passage du cap Horn par Maewan

Marion, co-leader de l’expédition et présidente de l’association Maewan témoigne de ce moment unique où le voilier Maewan approche de ce cap mythique.

« Les fenêtres météo sont courtes pour permettre d’approcher l’Everest des mers, mais un créneau se dégage alors nous levons l’ancre ! La mer n’est pas très rangée et il me faut un peu de concentration à la barre pour ces premières navigations dans les canaux. Je ne peux pas comme dans l’Océan anticiper les grains et coups de vent. Les rafales apparaissent sans invitation. 

J’apprends à faire danser Maewan avec elles, sans trop de voiles. Après 14h00 de navigation, nous décidons de mouiller deux jours à Calleta Martial, l’île juste en face du cap Horn. Il y’a un gros coup de vent à laisser passer alors nous profitons de ces deux jours pour tout d’abord récupérer; puis, nous dégourdir les jambes.

La végétation est incroyable. Les arbres peignés par les vents. Leurs branches s’entremêlent à partir d’à peine 50 cm du sol sur à peu près 1,5 de hauteur, formant un labyrinthe en trois dimensions, pas vraiment aisé à franchir. Puis d’un coup net, le labyrinthe prend fin. Les vents sont trop violents pour permettre à la forêt de s’étendre, laissant place à un parterre de mousses d’une multitude de variétés, splendide dégradé aux mille nuances de vert. 

Gorgés d’eau, mes pieds rebondissent à chaque pas, ces sensations sont incroyables. Après plusieurs heures de randonnées et de dénivelés avalés, nous sommes au sommet et nous apercevons juste en face le mythique cap Horn, debout devant la porte de l’Antarctique. »

Une fois repartis, contre toute attente la mer est calme, trop calme peut-être. C’est tout en douceur que nous arrivons à traverser le cap Horn. Fabienne D’Ortoli, la championne de kite surf présente sur le voilier lors de la traversée à même pu le franchir en paddle. Un exploit que l’on ne voit pas tous les jours sur les eaux du cap Horn ! Le cap Horn deviendrait-il docile à l’approche de Maewan ? Une nouvelle légende à écrire … 

SOURCES : 

https://www.australis.com/fr/a-la-decouverte-de-la-patagonie/attraits/cap-horn-2/

https://www.lefigaro.fr/voyages/2016/09/16/30003-20160916ARTFIG00256-le-cap-horn-400-annees-de-legende.php

https://blogpatagonie.australis.com/autour-du-cap-horn/

https://www.pirates-corsaires.com/superstitions.htm

https://figaronautisme.meteoconsult.fr/actus-nautisme-courses/2020-12-28/57714-que-represente-le-cap-horn-pour-tout-marin-et-pourquoi-est-il-si-mythique

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Vendée_Globe

 

 

 

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